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mardi 31 janvier 2012

Une créatrice, un univers : Maïa Thibault


Maïa Thibault est une jeune femme étonnante. Photographe, mais aussi sculpteur et créatrice à multiples facettes (marionnettes, jouets pour enfants...), elle est habitée par la nécessité de créer. Son regard sur le monde est bienveillant, émerveillé, et cela se voit. Très concernée par le bio, le recyclage et par les notions d’échange et de partage, elle inscrit par ailleurs sa démarche artistique dans un cadre tout à fait original.
Mais laissons-lui la parole…
                                                                
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          - Maïa, peux-tu nous dire qui tu es ?

 Une bricoleuse invétérée qui n'arrive pas à choisir entre la photo, le modelage, les marionnettes, les jouets, la couture, la déco, la mosaïque, le jardinage...


-         - Qu’est-ce qui occupe principalement ton temps : la photo ou tes autres créations ? Qu’est-ce qui te tient le plus à cœur ?

 Alors qu’il suffit d'une après-midi pour faire une centaine de photos, une marionnette va demander plusieurs journées. La photographie est surtout un travail de l’œil, de l'observation, tandis que le modelage ou les marionnettes font essentiellement travailler les mains, la forme, les volumes... Je n'arrive vraiment pas à faire un choix.
Je choisis donc mon activité du moment selon mon humeur. Un peu fainéante ? Envies contemplatives ? Je ferai de la photo ! Les doigts me démangent ? J'ai envie de concret, de matière ? Je vais bricoler !


-         - Quelles sont tes sources d’inspiration ? Y-a-t-il des peintres, des illustrateurs, des lectures ou encore des films qui stimulent ton imagination créative ?

J'aime depuis longtemps les livres de Kenji Miyazawa. Cet auteur japonais qui a vécu au début du siècle a laissé une œuvre très riche, joyeuse et poétique. Ces images m'habitent souvent lorsque je modèle.
En photographie, l'esthétique graphique et la délicatesse de Stéphane Hette m'émerveillent ! 
En peinture, les œuvres d'Alma-Tadema me fascinent depuis longtemps par leur fraîcheur et leur réalisme !
Séverine Cadier est une céramiste dont j'aime admirer les œuvres, ces graines géantes qui nous emmènent dans un univers de textures et de formes incroyables !
J'aime également beaucoup les jouets-objets de Cart Before The Horse, des créateurs américains à l'inspiration folk.

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          - Parle-nous de ton travail de photographe.

J’ai commencé la photographie à l’adolescence, après l’apparition d’une maladie génétique handicapante. Grâce à cette maladie, j’ai appris à contempler la beauté et à apprécier le silence. C’est ce rapport au monde qui a marqué le début de ma démarche de photographe et qui me pousse encore aujourd’hui dans ma recherche. J’ai toujours eu le désir de montrer à mon entourage une vision embellie du monde et de ses détails : la délicatesse, la beauté, l’harmonie dans tout ce qui nous entoure, en sublimant de simples objets du quotidien. C’est ainsi que la macro photo est devenue mon seul outil. Quand un paysage apparaît dans une plume, ou quand un simple pistil se transforme en personnage onirique, je renoue avec l’enfance, ses visions et ses rêves. La macro photo n’est pas le seul outil permettant cela mais elle répondait également à un goût personnel pour la découverte et l’investigation, tel un « Sherlock Holmes » de la nature.
Je cherche à faire entrer le public dans un monde doux et familier, mais qui suscite l’étonnement et la curiosité, qui lui permette de regarder le monde différemment, avec tendresse et simplicité, comme un enfant face à la nature.


-         - Où trouves-tu la matière première pour tes créations parallèles à la photo ?

Difficile... d'où l'idée et l'envie de créer un réseau de récupération de matériaux pour la création. Surtout qu'à la campagne, les lieux d'approvisionnement peuvent manquer. Je travaille essentiellement avec des matériaux de récupération. Et quand je trouve un bon filon, difficile de résister à la tentation de tout ramener à la maison !  Et puis les matériaux s'entassent, je n'utilise pas tout. Alors l'envie de partage s'est imposée, et je réfléchis actuellement à la façon de concrétiser ce réseau.

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      - Quels sont tes projets ?

Avec une amie, nous avons le projet de créer un lieu de rencontres, autour d'une épicerie solidaire, d’ateliers d'exposition partagés et, justement, autour de la récupération de matériaux.
Nous sommes déjà chacune en lien avec des associations locales qui promeuvent le bio, l'art et la culture à la campagne, la rencontre et les échanges. Ce lieu serait un peu comme un condensé de toutes ces activités, un lieu où l'on puisse trouver des informations, faire ses courses, apprendre à faire du pain, du tricot ou de la peinture, se fournir en matériaux, et rencontrer d'autres créateurs !
Un vaste projet qui devrait prendre forme cette année dans notre petit  village aveyronnais, près de Rodez.

Merci Maïa !

Pour retrouver les créations de Maïa : son site, Nuanaarpoq

samedi 7 janvier 2012

Nagasaki - Éric Faye


Depuis quelque temps, la vie bien ordonnée de Shimura Kōbō est complètement bouleversée. Des aliments disparaissent régulièrement de son frigidaire, et des objets sont déplacés. Pourtant, Shimura vit seul... Pour tenter de résoudre le mystère, il installe une webcam dans sa cuisine. De son bureau, il observe l'écran de l'ordinateur et ne tarde pas à comprendre...

Tiré d'un fait divers survenu au Japon en 2008, ce très court roman est un petit joyau.
À l'aide d'une écriture délicatement ciselée, précise et sans fioritures, Éric Faye nous emmène à travers ce qui semble au premier abord une anecdote intrigante et troublante, rien de plus. Pourtant, au fil des pages, on découvre toute la profondeur de ce récit qui interroge nos sociétés de plus en plus individualistes, pose la question de l'exclusion, du manque d'entraide, fait réfléchir à la notion de propriété. 
Nagasaki et L'Histoire tragique sont présents en filigrane.
Vraiment un magnifique roman.

Éditions Stock, 2010 - 112 pages (13 €)
"Nagasaki" est paru en poche (Éditions J'ai lu) en octobre 2011